« Je veux savoir, user mon esprit à le frotter jusqu’à la transparence contre tous les mystères du monde »

 

Laisser un travail fixe, une vie confortable, un entourage aimant et en contrepartie arriver un vendredi soir dans une maison remplie d’inconnus, dans une ville inexplorée et parlant une langue quasi étrangère. Il y a trois mois, c’est ainsi que débuta mon aventure sur le territoire argentin.

Pour plus d’une personne cela peut paraître effrayant mais cette expérience est la plus enrichissante que j’ai eu la chance d’effectuer jusqu’à aujourd’hui. Découvrir et vivre une nouvelle réalité hors de la Suisse vous transforme.

L’idée de réaliser un volontariat n’a pas surgi du jour au lendemain. Elle se baladait déjà depuis quelques années dans un recoin de ma tête. Cependant, je désirais terminer mon apprentissage et obtenir ma maturité avant ce voyage. Comprendre et apprendre des différentes cultures, langues, manières de penser et de vivre m’a toujours énormément attiré.

Mon voyage de Sion à Santa Fe dura deux jours. Durant ce temps, la panique m’envahit soudainement. J’étais seule et de nouvelles interrogations surgirent : « Et si je n’arrive pas me faire comprendre suffisamment bien ? », « Et si les gens avec qui je vais vivre ne m’apprécient pas ? ». Mais bien au contraire, en arrivant, mes doutes et mes peurs s’envolèrent grâce à la communauté Santa Rita. Tous se préoccupent des uns et des autres, ils vous mettent tout de suite à l’aise et sont dotés d’une patience inouïe. Chacun d’eux représente une partie importante de mon séjour.

La découverte des activités débuta uniquement la semaine suivante. Une de mes premières tâches fut de fixer un programme hebdomadaire. Une présence régulière permet de faciliter le contact. Ainsi, je pris part à des animations très variées.

Actuellement, avec les enfants, je participe à un atelier d’art, à du soutien scolaire et à un cours de piano. Bien que la concentration pour les devoirs ne soit pas toujours de vigueur, ils sont toujours très enthousiastes et débordent d’une énergie incroyable ! Il est surprenant de voir le monde et le contexte dans lesquels ils vivent et de quoi ils se contentent. A l’intérieur des villes comme celle de Santa Fe, les différences de statut social ou d’organisation des foyers sont évidentes. Plus vous vous éloignez du centre, plus la pauvreté est frappante. Les routes goudronnées deviennent terre, les déchets sont brulés à quelques pas des habitations, les chiens sont nombreux et il est courant d’apercevoir une carcasse de véhicule sur les bords des chemins. Je retrouve certains des habitants de ces quartiers dans les prisons de Las Flores, Coronda, la prison pour femmes et les pavillons pour mineurs.

Je me souviens de ma première visite en prison. Nous nous rendions à Coronda, à une trentaine de kilomètres de Santa Fe. J’observais le paysage à travers la vitre du taxi et imaginais cette nouvelle expérience. Le parcours m’avait paru long. Pour avoir le droit de passer les portes de la prison, il est nécessaire d’avoir une autorisation. Les gardiens prennent les documents d’identités, vérifient les sacs et fouillent à l’aide d’un détecteur. Plus j’avançais vers les pavillons, plus mon cœur s’accélérait. A l’intérieur, nous sommes seuls au milieu d’une soixantaine de prisonniers. J’étais très impressionnée.

Dans la prison de Las Flores, nous rendons visite aux pavillons pour mineurs et j’ai rejoint un atelier d’art et de réflexion avec les adultes. Bien que les ateliers ne soient pas obligatoires, les personnes privées de liberté y assistent constamment.

Souvent, il est difficile de me sentir utile mais je suis toujours très touchée par la façon dont ils nous reçoivent. Ils nous apportent des chaises, préparent du mate et remercient de notre visite. Chaque rencontre est totalement différente mais le but est toujours le même : changer un quotidien monotone et triste, écouter et donner de l’importance à la personne.

Shanna