Peux-tu, en quelques mots, te présenter ?

 

Je m’appelle Dylan Berguerand, 23 ans, j’ai grandi à Vollèges en Valais. J’aime pratiquer et regarder le sport en général, mention spéciale pour le football. J’apprécie les activités dans la nature dont les balades en montagne et la pêche. Je suis également un passionné de musique et de cinéma. Depuis quelques années, je m’implique bénévolement dans l’animation de ma commune au sein de plusieurs comités d’associations culturelles. D’un point de vue professionnel, je suis titulaire d’un diplôme de commerce, d’une maturité commerciale et d’un bachelor HES-SO en tourisme.

 

Pourquoi as-tu décidé de faire une expérience de volontariat en Argentine ?

 

Après avoir terminé mes études, je ressentais le besoin de m’engager dans une nouvelle aventure et de sortir de cette « bulle » dans laquelle je me sentais emprisonné, afin de découvrir d’autres cultures et de consacrer mon temps pour les personnes qui n’ont pas les facilités dont nous disposons en Suisse.

 

D’autre part, cela faisait plusieurs années que je souhaitais me rendre en Amérique du Sud, cette « moitié » de continent qui m’inspirait fortement. J’en parlais depuis longtemps avec Aline Beney, qui était dans la même classe que moi durant nos études en tourisme et qui a fait ce volontariat à Santa Fe. Elle, ainsi que Laure Terrettaz m’ont toutes deux recommandé chaudement Santa Fe et m’ont finalement convaincu de tenter l’expérience.

 

Quelles activités réalises-tu ?

 

Ma semaine se divise en deux grandes parties : les visites en prison et les activités dans les quartiers défavorisés. Le lundi, j’aide et je participe à un atelier de communication à San Agustin, les mercredis et jeudis j’accompagne les membres de la pastorale pénitentiaire dans les prisons de Las Flores et Coronda. Les lundis et vendredis j’aide à organiser l’entrainement de football à San Agustin. Le samedi matin, j’aide au déroulement d’un atelier de littérature à Yapeyu et l’après-midi je me rends au pavillon des jeunes de la prison de Las Flores.

 

Qu’est-ce qui te surprend le plus dans ton engagement auprès des prisonniers, des jeunes, des enfants ?

 

Avant d’arriver, j’avais bien évidemment des préjugés sur le milieu carcéral, façonnés en grande partie par les films et les séries américaines visionnés à la télé. J’imaginais des grands types costauds, tatoués, intimidants et méchants. Au contraire, je me suis retrouvé face à de jeunes prisonniers perdus, accueillants et sincères. Jamais ils n’ont montré de violence ou de méchanceté en notre présence, parlant avec respect, bonne humeur et témoignant d’une réelle reconnaissance. Je me suis demandé plus d’une fois ce qu’ils avaient fait pour se retrouver en prison, tant cela me semblait impossible qu’ils aient pu commettre un crime quel qu’il soit.

 

Quant à mon engagement auprès des jeunes et des enfants, ce qui m’a le plus surpris fut peut-être le manque d’éducation. Ils reproduisent la violence physique et verbale à laquelle ils sont confrontés au quotidien, volent ce qu’ils peuvent et jettent les déchets dans la rue. Pour moi, cela reste toujours difficile de penser à tous ces moments passés avec ces enfants et ces jeunes remplis de bonne humeur et d’amour et de se dire qu’ils n’ont pratiquement aucune perspective d’avenir, juste parce qu’ils sont nés au mauvais endroit, au mauvais moment.

 

As-tu rencontré des difficultés ? Comment as-tu réussi à les surmonter ?

 

J’ai tout d’abord rencontré des difficultés avec le castellano. La pratique exclusive de cette langue couplée avec les bases d’espagnol que j’avais acquis auparavant a fait que j’ai très rapidement progressé à ce niveau-là. Il est très important de ne pas avoir peur de parler et de se tromper, de se dire que cela fait partie de l’apprentissage.

J’ai aussi rencontré quelques soucis de santé et d’allergies causés par l’humidité et le froid que l’on peut rencontrer en hiver. Par chance, les allergologues argentins n’ont rien à envier à leurs collègues suisses (rire) et j’ai pu me soigner en quelques jours.

Au niveau des activités, je n’ai jamais rencontré de réelles difficultés, simplement des moments plus compliqués qui m’ont rendu plus fort et m’ont permis d’évoluer positivement.

 

Que retires-tu de cette expérience ?

 

Beaucoup d’humilité face à la vie et une réelle reconnaissance d’être né et de vivre en Suisse.

Le plus difficile à mon retour sera peut-être de ne pas éprouver de culpabilité vis-à-vis de ce qui se passe en Argentine et dans bien d’autres pays. Simplement avoir conscience de l’immense chance que j’ai, pratiquer la pleine conscience le plus souvent possible, vivre un maximum en profitant de chaque instant.

 

Veux-tu ajouter quelque chose ?

 

Pour moi l’une des grandes forces de l’expérience a été la vie à la Casa San Dimas. Je disposais d’une chambre confortable pour me reposer, méditer, lire et écrire. Mais par-dessus tout, j’ai vécu 18 semaines avec des « colocs » extraordinaires. Chacun d’entre eux m’a accueilli à bras ouvert et m’a apporté bien plus qu’il ne peut l’imaginer. La vie à la casa est bercée de rires, de vie et il y a toujours une personne pour t’écouter ou une personne à écouter. Avec Mica, Anto, Maillen, Ale, Santi et Mati nous avons partagé des moments uniques que je n’oublierai jamais.

 

J’ai beaucoup apprécié le fait de côtoyer les personnes qui façonnent la pastorale, d’Elvia à Diego en passant par les Padre Dante et Bernardo, Francisco, Andrés, Ricardo et Daniel. Ce sont en tout une trentaine de personnes avec qui j’ai tissé des liens forts et avec qui je me suis toujours senti bien. Eux aussi resteront gravés dans mon cœur.

 

Finalement, je veux remercier chaleureusement Aline et Pablo pour leur accueil et les féliciter pour leur implication et leur travail acharné afin de rendre la vie meilleure à des enfants, des jeunes, des étudiants et des prisonniers. Et un dernier mot à Nahuel, un petit bonhomme formidable avec qui j’ai joué au football, aux legos et à cache-cache. Ensemble, nous avons, entre autres, cuisiné des tortas fritas, regardé des dessins animés, lavé la terrasse, arrosé les plantes et inventé une balançoire.