Adieux. Envol. Atterrissage.

J’ai débarqué à Santa Fe en octobre 2013. Je n’emportais pas grand chose avec moi ; le contenu de ma petite valise rouge me servirait pour les neufs mois à venir. Pas beaucoup de bagages, mais une montagne de questions, d’idées reçues, de préjugés, et trois fois plus d’excitation, d’envie, d’énergie et de bonne volonté.

Premiers pas, premiers chocs. Au travers de l’expérience que je fais grâce à la pastorale, j’ai eu l’occasion de me confronter à des réalités bien différentes de celle que je vis en Suisse. Et c’est parfois difficile à accepter. En voyant les conditions de vie des personnes que j’ai rencontrées pendant nos visites dans les quartiers ou dans les prisons, mon premier réflexe a été de me remonter les manches et de chercher toutes les « solutions » que j’allais pouvoir mettre en place pour aider tout ce petit monde. De nature rebelle et un peu grande gueule, ça a été très décevant et difficile à vivre de me rendre compte qu’il n’y avait rien contre quoi se rebeller. Ce n’était pas ça qu’on me demandait et certainement pas ça qui changerait quoi que ce soit. Qu’est-ce que je faisais là, alors, si ce n’était pas pour sauver le monde ?

Vient heureusement le moment de sentir que ce qui est important, c’est la présence. C’est donner de l’importance à des gens que la société a oublié ou volontairement poussé sur le côté. C’est leur offrir quelques heures de ta journée, leur prêter une oreille attentive et être présent avec eux. Aller les chercher là où ils sont et comme ils sont. Apprendre à être plutôt qu’à faire. Partager un véritable moment de complicité avec un enfant, créer un espace où il a le droit d’avoir juste l’âge qu’il a, sans aucune autre responsabilité, sans aucun autre souci que celui de choisir la plus jolie couleur pour son dessin. Se rendre en prison et partager matés et discussions avec des hommes privés de leur liberté, ou les laisser imaginer qu’ils sont un grand footballeur, puis un magicien, puis un chef indien, le temps d’une improvisation théâtrale.

Maintenant que l’heure de rentrer chez moi approche grandement, alors que le contenu de ma valise n’a pas tellement bougé, je prends conscience d’à quel point moi j’ai changé. Que ce soit dans ma façon d’appréhender la vie et le futur ou ma capacité à relativiser lorsque mes plans ne fonctionnent pas tout à fait comme prévu. Mais ce que je retiens le plus de toute cette belle aventure, c’est que, peu importe la situation dans laquelle nous nous trouvons, il y a toujours du bon à en retirer. Il ne tient qu’à nous de choisir de voir le positif, partout. Et ensuite de toujours avancer, aller de l’avant.

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