1. Michael, peux-tu, en quelques mots, te présenter ?

Né à Genève, j’ai grandi dans un petit village au bord du lac Léman. Après mes études obligatoires, j’ai commencé le conservatoire de Genève dans une filière pédagogique. A la sortie de ces études, j’ai décidé de faire une année de discernement à Fribourg, ayant senti un appel à la prêtrise. Le discernement ayant été fait, je suis maintenant séminariste pour le diocèse LGF et étudie la théologie à l’université de Fribourg.

2. Pourquoi as-tu décidé de faire une expérience de volontariat en Argentine ?

Pendant mon année de discernement, j’ai rencontré Gaëtan Steiner à l’institut de formation au ministère (IFM) qui m’a parlé de son séjour en Argentine. Je me souviens qu’un prêtre m’avait encouragé, il y a quelques années, de faire un séjour à l’étranger si j’en avais l’occasion. Or, il se trouvait que le même été les Journées mondiales de la jeunesse avait lieu en Amérique latine. J’ai commencé à chercher des fonds pour financer ce grand voyage. Pendant la suite de mon année de discernement, j’ai eu deux rencontres de préparation en vue de mon volontariat avec l’association « El abrazo ».

3. Quelles activités as-tu réalisées ?

A mon arrivée mon programme hebdomadaire était peu chargé. Puis, petit à petit mes activités sont devenues plus nombreuses. J’allais dans différents lieux de la ville de Santa Fe, à commencer la prison. Là-bas, un nouveau programme avait été lancé par Pablo. Cela consistait à organiser des visites de prisonniers chaque jour avec des ateliers variés : théâtre, peinture, films, partage biblique, musique. Les résultats se sont montrés concluant, car nous avons pu monter un spectacle pour le dimanche des visites de famille aux prisonniers. J’allais aussi visiter des commissariats et donnais des cours de guitare à des jeunes de la rue à la Casa Juan Diego, également fondée par le père Carron. Je cuisinais une fois par semaine pour la communauté Santa Rita et nous sortions le week-end pour une pièce de théâtre, au restaurant, ou en soirée. En fin de journée, j’allais si possible à la messe. Vers la fin de mon séjour, avant de repartir en Suisse, j’ai voyagé quelques jours notamment à Cordoba où les dominicains m’ont accueilli.

4. Qu’est-ce qui t’a le plus marqué pendant ton expérience ?

Un jour j’ai accompagné deux bénévoles, une suisse et une argentine, dans un quartier pauvre et loin du centre de Santa Fe. Nous y avons rencontré des enfants et partagé des moments de jeux. Les maisons étaient dans un état catastrophique. Ce n’était pas la première fois que je voyais la misère, mais de voir dans quelle condition vivaient ces gens m’a bouleversé. J’espère que le jeune groupe de bénévoles continuent leur travail sur place. Ils apportent beaucoup de bien à cette population, surtout aux enfants à qui ils apportent la joie d’un moment partagé.

5. Penses-tu que cette expérience en Argentine va apporter quelque chose de particulier à ton futur ministère de prêtre ?

C’est difficile de me projeter comme prêtre, car je ne suis qu’au début de ma formation. Je ne sais pas encore si je partirai en mission à l’étranger une fois ordonné, car ce n’est pas la première mission d’un prêtre diocésain. Le père Gabriel Carron a d’abord vécu une grande partie de sa vie en Suisse avant de partir pour l’Argentine. En tout cas, cette expérience m’a permis de mieux connaître la pauvreté matérielle. Il y a d’autres formes de pauvreté contre lesquelles le chrétien est appelé à lutter. J’espère que l’Eglise de demain continuera de se soucier des pauvres, comme l’a fait le père Carron. Avec notre Pape François, venu tout droit d’Argentine, il me semble que cela soit en bonne voie.

6. Est-ce que l’Eglise que tu as connue en Argentine est très différente de celle que tu connais en Suisse ?

En Argentine, la foi est encore transmise de génération en génération et donc il y a plus de jeunes catholiques ou évangéliques pratiquants. A cela s’ajoute, une plus grande ouverture aux services, à la pratique de la charité, rendue possible par les structures paroissiales. J’ai vu des paroisses où de nombreux jeunes se rassemblent pour l’animation de la messe, en groupe de partage biblique, volontariat, etc.. A la rencontre nationale argentine des bénévoles de pastorale des prisons, il y avait là des centaines de personnes qui se dédient chaque semaine à ce service pastorale. C’était impressionnant. J’ai gardé contact avec des bénévoles de l’association partis en Argentine qui cherchaient à continuer ce type d’activités en Suisse. Mais il semble qu’il y manque des oeuvres du type du père Carron pour poursuivre notre service. Si tous les bénévoles de retour en Suisse cherchent à poursuivre l’oeuvre du Père Carron à leur retour d’Argentine, avec l’aide de l’Esprit Saint, nous pourrions rejoindre une misère cachée, anonyme ici en Suisse et poursuivre l’élan de notre volontariat ! Cela peut commencer par le fait de saluer les personnes qu’on rencontre et prendre le temps d’une discussion et de ne pas être tout le temps mené par les stress de journées trépidantes. C’est aussi de s’intéresser aux conditions des migrants et leur intégration sociale et communautaire. Les chrétiens, laïcs et clercs, sont appelés à s’engager avec leurs compétences dans un ministère qui ne se limitent pas à l’enseignement du catéchisme ou le service liturgique, mais à annoncer le Christ partout où ils sont par des mots ou par des gestes significatifs comme le fait notre Pape François. Il ne faut pas selon moi attendre un moment spécial pour vivre la charité.